L’histoire du mariage en France

Depuis quand se marie-t-on en France ? La chose semble être naturelle et on penserait volontiers que le mariage soit aussi ancien que l’humanité. C’est pourtant loin d’être le cas. Du moins du point de vue administratif. Depuis les premiers contrats privés entre familles jusqu’à la loi autorisant le divorce en passant par la mainmise de l’église, retour sur l’histoire du mariage en France.

Des contrats déjà sous la Rome Antique

Dans la Rome Antique déjà, le mariage était réglementé. Pour pouvoir convoler en justae nuptiae (lisez ‘justes noces’, c’est de là que vient l’expression), il fallait que les deux futurs époux soient tous deux consentants, qu’ils aient atteint l’âge minimum (12 ans pour les filles, 14 pour les garçons) et qu’ils soient de surcroît citoyens Romains. Toutes les autres unions n’avaient aucune valeur légale aux yeux de l’administration Romaine bien qu’elles constituaient le gros des mariages. Ils étaient certes enregistrés, mais sous la référence d’un matrimonium non legitimium. Inutile de traduire…

Même au début du Christianisme, les mariages adoptaient les rites païens de leurs régions respectives. Rares étaient les croyants qui pensaient déjà à faire bénir leur union. Le prêtre n’intervenait pas systématiquement et les écrits restaient rares. Seuls des témoins, parfois douteux, pouvaient attester de l’union réelle entre deux époux. On se doute que dans bien des cas, certaines épouses ont du subir l’appât du gain de faux témoins…

La réglementation de l’ère Chrétienne

Il faudra donc attendre quelques siècles avant de voir les mariages prendre le chemin de l’église de façon habituelle. Certes, l’église fait interdire le divorce, mais son poids dans la société n’est pas encore assez grand pour qu’elle puisse imposer son point de vue. C’est à partir du IXème siècle que la doctrine se répand, entraînant avec elle de nouvelles réglementations. Un siècle plus tard, le mariage à l’église devient une exigence. En 1215, le mariage rentre au panthéon des sacrements de l’Eglise. A la fin du siècle, le mariage à l’église est une pratique courante presque partout. Pour autant, il n’est pas nécessaire d’être ordonné pour recueillir le consentement des époux au nom de l’Eglise.

Depuis l’arrivée des Francs, l’Eglise se bat pour faire admettre le principe de chasteté. Et devant les tribus Germaniques d’alors (Francs puis Carolingiens), la bataille est loin d’être gagnée. Certes, les Rois de France se sont convertis au Catholicismes, mais ils entendent bien conserver leurs coutumes et leurs traditions. Charlemagne, par exemple, ne s’est jamais marié selon le dogme catholique, mais selon les traditions germaniques. 3 fois. Il a même vécu avec 4 concubines en même temps après le décès de sa troisième épouse. C’est dire l’ampleur du combat dogmatique mené par les partisans de l’unicité et de l’indissolubilité du mariage. Pourtant, les règles posées par l’Eglise ont fait du bien. En assurant le lignage des familles d’abord. Et interdisant les mariages endogamiques jusqu’à la 4ème génération.

Le mariage civil et la révolution

Selon la légende, le mariage civil serait entré dans la loi Française à l’issue de la révolution. En vérité, il est apparu deux ans avant, en novembre 1787, à la demande des protestants. C’est donc l’édit de Versailles, dit édit de tolérance, signé par Louis XVI, qui est à l’origine du transfert des registres de l’état civil du clergé vers l’administration de l’état. Cependant, les choses restent floues jusqu’à l’article 7 du décret du 3 septembre 1791. A partir de cette date, le mariage devient un contrat civil. Les registres sont d’ailleurs confiés aux autorités municipales. Un an plus tard, le 20 septembre 1792, l’assemblée nationale autorise le divorce. C’est lors de cette même loi de 1792 que le mariage est laïcisé et passe définitivement sous le contrôle de l’Etat.

Sous Napoléon, le mariage qui s’était assoupli (même le mariage par consentement mutuel était prévu par la loi) redevient plus dur. Les femmes sont désormais sous tutelle financière et administrative de leurs époux. Quant aux conditions du divorce, elles se restreignent. Les femmes sont plus facilement punies que leurs maris pour leurs écarts. Aujourd’hui, le mariage semble faire moins recette qu’autrefois. En 2000 on comptait encore 300 000 mariages dans l’année. En 2017, à peine plus de 220 000. De la même façon, l’âge moyen des mariés augmente pour atteindre 30 ans et demi pour les hommes et 29 ans pour les femmes.